mercredi 30 mars 2011

Puisque c'est ça la vie de Michèle Lajoux

Il y a peu de temps, j'ai lu Le Guetteur du midi de la même auteure, un roman historique se déroulant dans la ville de Laon. Comme il m'avait bien plu, j'ai cherché d'autres livres de Michèle Lajoux et je me suis procuré son deuxième roman : Puisque c'est ça la vie, se situant aussi à Laon mais d'un thème complètement différent : la maternité et l'enfance malmenée
Je suis restée quelques temps à me demander combien ce roman m'avait plu et je crois bien que je n'ai pas encore la réponse ... Peut-être m'apparaitra-elle durant ma chronique.


 Détails du livre
  • Broché: 288 pages
  • Editeur : Le Cherche Midi (5 novembre 2009)
  • Collection : Romans
  • ISBN-13: 978-2749116013
Quatrième de couverture

Le drame est dans le quotidien et la banalité. Une mère hostile, un père soumis, un grand-père exhibitionniste et avide de respectabilité, la loi du silence des femmes, une démarche initiatique pour entrer dans la vie. Puisque c'est ça la vie est le récit à vif des vingt premières années de la narratrice au cours des années 1960 dans un milieu petit-bourgeois d'une préfecture de province du Nord de la France, un témoignage annonciateur des libérations de la fin du siècle dernier. Ceux qui les ont vécues y retrouveront le non-dit et le poids des tabous de l'époque, les plus jeunes y découvriront les fêlures de la fin des Trente Glorieuses. Un texte au burin, impitoyable. Une leçon pour rester debout. Puisque c'est ça la vie est le deuxième livre de Michèle Lajoux.

Un extrait

Angeline s'étonne et se dit que le ciel se joue malicieusement des attentes des parents, il embrouille tout avec ses mélanges hasardeux. Elle a entendu les adultes parler de chromosomes, ce doit être comme les pastilles de gouache avec lesquelles elle peint les personnages des albums à colorier. Pourtant, les chromosomes doivent s'associer de manière différente, leurs appariements sont plus imprévisibles que les mélanges de couleurs. Paulette est blonde , yeux bleus, cheveux raides, elle pourrait être la mère d'Angeline, elle n'est que sa marraine, Anne serait mieux accordée au physique d'Irène. En fait, Anne a pris tout le physique de son père comme Angeline se calque sur celui du sien. Aucun mélange susceptible d'atténuer les caractéristiques physiques, comme en peinture où le rouge et le blanc donnent le rose, le bleu et le jaune, le vert le jaune et le rouge, l'orange. Le sort se moque des mères, les naissances arrivent comme ça, sans qu'on les désire déjà, et les enfants ne sont pas ceux que leurs parents attendent. Paulette adore son bébé tout brun aux doux cheveux frisés, mais elle aurait préféré qu'il naisse plus tard, qu'il lui laisse le temps de revenir vivre auprès de sa mère, quelques mois seulement, les quelques mois nécessaires à son mari pour obtenir sa mutation.
Angeline se pose souvent la question, pourquoi n'est-elle pas telle que l'aurait souhaité sa mère, brune et garçon, puisque sa mère n'aime pas les filles, puisqu'elle déteste la fade teinte blonde de ses cheveux. Le destin est un démon qui s'est amusé à contrarier ses vœux.

Mon avis

J'aime beaucoup la couverture du livre. Le contraste du rose de la police d'écriture avec le gris de la photo et la petite fille (qui pourrait être moi à son âge) dans le coin formé par deux murs de briques.

J'ai beaucoup été marquée par ce livre, de par mon enfance (pendant 9 mois, je me suis appelée Jérôme) mais aussi de par le fait que je suis maman maintenant. Cependant, certaines choses dans ce livre, même si elles sont vraies sonnent faux dans la tête d'une petite fille de 3 ans.
En effet, l'auteur a bâti son livre comme une narration, faisant d'Angeline la narratrice. Mais qu'a donc à raconter un bébé de quelques mois ... 

Passé outre ce léger problème (et il faut penses que le bébé finit toujours par grandir), on retrouve l'ambiance ouvrière de la fin des années 60 où les sujets étaient traités différemment qu'aujourd'hui : les abus sexuels sur enfant, la contraception, la belle-famille, la guerre ou encore l'homosexualité

Ce roman est une suite chronologique d'évènements dont Angeline est le témoin. 
Le style de l'auteure est froid, distant, comme si elle racontait les faits à propos d'une étrangère, faisant encore plus ressortir la solitude d'Angeline, de plus en plus résolue à son sort. Ce même style monocorde montre comment cette même Angeline accepte la culpabilité, comme si, il n'y avait que ça à faire.
Jusqu'à son entrée à l'internat, elle subit sa vie, sa mère, sa famille. Elle voudrait parfois (souvent ?) ne pas être née. D'ailleurs, elle adore jouer à ne pas être née. 

Le jour où elle aura été oubliée une fois de trop, elle se rebellera (un peu) mais malgré cela et bien qu'elle ait d'autres options, elle essaiera jusqu'au bout du livre de se faire aimer par sa mère, alors que, nous, spectateurs extérieurs, nous voyons que c'est une tache impossible.

Finalement, je crois que j'ai beaucoup aimé ce livre :)

2 commentaires:

  1. Tu me donnes vraiment envie de découvrir ce livre. Moi aussi j'ai lu Le Guetteur du Midi (que j'ai beaucoup aimé).

    RépondreSupprimer
  2. J'espère qu'il te plaira :)
    Bonne lecture !

    RépondreSupprimer